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Pour certains, la première année était la pire. Pour Esha c'était la 11e et dernière année d'internat au NHNN. Cette dernière année sanctionnait une décennie d'apprentissage assidu voire acharné. Elle n'avait peut-être pas la pression de l'horloge biologique ou ce genre de truc mais cette échéance la rendait nerveuse. Si elle devait échouer... elle ne pouvait pas échouer. Ca n'était pas une option.

Allongée sur le canapé-lit qu'elle n'avait même plus replié depuis au moins un siècle, des paquets de chips et des bouquins de théorie éparpillés autour d'elle, elle avait probablement oublié l'heure et tout le reste d'ailleurs. La sonnerie du téléphone la fit sursauter :

« Maman ? Il est arrivé quelque chose ?! », question légitime quand on voyait que c'était onze heure du soir...,
« Ah ok... Oui... Oui... à l'instant, je te jure que t'as pas à t'inquiéter pour ça j'ai mangé... , répondit-elle en jetant un regard circulaire à la jonchée de paquets de chips qui l'entourait. Misère, il allait vraiment falloir sortir le nez des révisions pour mettre un peu d'ordre, son appartement n'avait jamais été un tel foutoir, « Non ça va je gère... oui maman... et vous ça va ? ... Mais non je me laisse pas "complètement happer par les exams". Ca va, je te jure... .... ... ... ... Mh moi aussi je t'aime. Bonne nuit maman.... Et euh... »

Sa mère la connaissait un peu trop bien. Esha eut un sourire, concluant puisqu'elle n'avait pas eu le temps de le dire avant qu'elle ne raccroche :

« Fais un bisous à papa... »

Avant de se remettre le nez dans ses planches d'anatomie.

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« Rappelle-moi ce qu'on fait là déjà ? »

Wes lui adressa un regard dépité. Il lui avait déjà refait l'histoire quinze fois, si elle posait la question c'était uniquement parce qu'elle émettait des réserves.

« On y va. Tu tapes à la porte. On récupère ce qui est à moi et on se casse. »
« On parle de la télé ou de Candace là ? », se moqua gentiment Esha au volant de la voiture, ou plutôt la poubelle, de son meilleur ami.

Ca faisait bien un quart d'heure qu'ils faisaient le poireau, garés derrière un conteneur dans une rue de Harlesden. Ce n'était pas la première fois qu'Esha venait traîner ici même si l'endroit était tristement célèbre et qu'il leur avait prodigué nombre incalculable de cas d'étude et autres blessures par balle, overdoses et même un cas de malnutrition dont Esha se rappelait particulièrement. Le genre de quartiers dans lequel ses parents aimaient s'imaginer qu'elle ne viendrait jamais. Ce n'était pas trop le genre de la demoiselle mais c'était là précisément que Wesley avait vécu pendant un long moment avant que sa "copine" le vire pour y mettre sa dernière conquête et qu'il n'entre de fait, enfin, à l'internat.

Les petits doigts d'Esha lâchèrent le frein à main sur lequel elle était en appui depuis le début, elle ouvrit la portière, engageant une épaule à l'extérieur :

« Attends mais t'es sûre ? » epic fail... à lui demander si elle était sûre et à retourner la chose dans tous les sens ça faisait bientôt une demie heure qu'ils étaient là,
« Non mais ... okay okay on y va. J'dis ça... c'est juste une télé moi... »
« J'ai jamais compris ce que tu lui trouvais à cette fille... Candace... », fit remarquer Esha en refermant la portière pour l'obliger à embrayer.

Wes la suivait, les mains dans les poches de son jogging baggy. Il haussa les épaules.

« C'est une fille charmante quand on la connait... », tenta-t-il...
« Charmante ?!! Cette pétasse ? Pardon hein mais c'est quoi le truc ? En vrai... », insistait Esha en haussant un sourcil l'air de lui dire "continue de me prendre pour une conne"...
« Non j'te jure c'est une meuf ... charmante... », réitéra-t-il en mimant une paire de seins énormes.
« Je vous comprendrais jamais les mecs. Y faudrait me payer pour que je supporte une nana pareille. C'est pire qu'une harpie, pas de conversation MAIS elle a des gros seins et une capacité... non là je vais être vulgaire... »
« Ah ouais, ça! une capacité elle en a une ... », commentait le jeune black en se remémorant des souvenirs que même une cage d'escalier aussi dégueulasse que celle qu'ils étaient en train de monter ne semblait pas pouvoir éroder.

Quand elle pressa la sonnette, elle crut que son doigt aller rester collé. Une espèce colosse à l'air pas commode lui ouvrit, la regardant de la tête aux pieds, elle qui devait rentrait au bas mot quatre fois dans l'espace qu'il occupait à lui tout seul.

« Euh... Candace est là ? »
« Non. », lâcha le molosse qui venait juste de remarquer Wes, resté légèrement en retrait, « Tu veux quoi paki ? »
« Euh... je suis pas pakistanaise mais je suppose qu'on s'en fout. Je venais juste récupérer la télé d'un ami... »

Le type fit craquer ses doigts. Wes la tira par la manche et ensuite, sans vraiment avoir eu le temps de réfléchir au pourquoi du comment ils se retrouvaient à dévaler les escaliers et à taper un sprint sur quatre blocs abandonnant la voiture ET la télé.

« T'avais pas... un peu... oublié... de me préciser que t'étais pas tout à fait le type d'homme de ton ex ? Ca nous aurait peut-être évité ça... », gronda Esha à bout de souffle en s'appuyant sur l'épaule de ce crétin de Wes...

Dire que la première fois qu'elle lui avait tendu la main il l'avait traitée de fille à papa, convaincue qu'elle était trop bien pour être sincère quand elle lui avait proposé de l'aider à régler le problème qu'il avait visiblement avec la dissection (plutôt handicapant de s'évanouir devant un œil de bœuf à disséquer quand on veut devenir médecin...).

« Je suis pas pakistanaise ?! Je suis pas pakistanais ?!!! Non mais t'es sérieuse ?! Tu crois que c'est le genre de mec à prendre le thé devant arte + je sais pas quoi ? La meuf, elle est à deux doigts de nous faire lyncher et elle fait la causette... J'y crois pas Esha ! C'est la dernière fois que je monte une opération commando avec toi !!!»